Poèmes en prose

Le Parti pris de nos choses

Classe de 3eB

Poèmes en prose à la façon de Francis Ponge – 3eB

Dans son recueil de poèmes en prose Le Parti pris des Choses, F. Ponge s’attache à décrire des objets du quotidien avec beaucoup d’attention, comme s’il s’agissait d’oeuvres d’art. Les élèves de 3eB ont décrit à la manière de Francis Ponge des objets de leur quotidien.

Les pièces Elle brille entre les mains de plusieurshommes. Elle est la reine et dirigeante de ce monde. Mais elle devient sale, se scarifie avec le temps. Cette voyageuse garde malgré tout sa valeur. Elle court sous les regards avides ou calculateurs. Elle me fait entrevoir des promesses sucrées qu’enfant la souris m’apportait. Mais dans mon poing aurais-je l’appoint ? Petite lune de métal au coeur de soleil, elle porte sur sa face sa valeur gravée. Je joue à pile ou face, elle ne retombe jamais sur sa tranche, avec ses soeurs j’en fais des piles et peu à peu mes dettes s’effacent. Sooahn M.

Un stylo plume L’abeille Ce dard est si fin que l’on pourrait l’ignorer, s’il n’y avait pas son venin se diffusant dans la chair des pages. Nous ne pourrions le séparer de nos abeilles, s’accrochant à elles telles à la vie. Cette belle abeille en bois longiligne réserve ce liquide bleu nuit pour son autre moitié. Parfois transparent, parfois opaque, le corps protège la pointe gravée si finement que nos yeux ne peuvent voir ses courbes infinies. Dilwen C.

Les lunettes Ces deux ailes se posant sur le bout de mon nez m’aident à voir clair ce que je voyais autrefois obscur. Le tour de celles-ci peut être de couleurs fabuleuses comme aussi sombre que l’ébène. Ses très longues antennes maintiennent son corps comme une branche maintient ses feuilles. Je ne pourrais m’en séparer car ce papillon a un pouvoir sur moi qui me semble vital. Je pense que je ne suis pas la seule à ne pouvoir m’en détacher car je vois beaucoup de gens porter un tel papillon sur le nez. Candice J.

La paire de ciseaux Ces deux lames pointues comme des aiguilles, aiguisées comme les dents d’un crocodile. Sa couleur peut changer selon les goûts et les envies. Ils servent à couper les feuilles ou graver des grossièretés ou des mots d’amours sur le marbre souple et épais des cahiers. Et quand le professeur nous attrape on pâlit ou l’on rougit. Certains se coupent ou blessent leurs voisins de classe avec, en laissant derrière eux quelques gouttes de sans. Les deux cercles qui précèdent les lames où l’on place nos doigts ressemblent étrangement aux yeux féroces du reptile dont les dents aiguisées sont prêtes à découper de la chair de papier. Simon B.

Le correcteur Le capot qui recouvre son moteur est transparent. La courroie de distribution fait tourner les deux troues du moteur qui glissent sur une feuille de papier tel un escargot, laissant derrière lui une grande ou petite trace blanche. Il recouvre sur cette feuille des erreurs produites auparavant. Après avoir parcouru plusieurs kilomètres, la batterie se décharge et le moteur enrayé ne démarre plus. Lucie B.

La montre Elle tourne tel un moulin entraîné par le vent du temps. L’une de ses pales avance minute par minute et l’autre heure par heur. Elles sont toutes deux recouvertes d’une épaisse mais discrète fenêtre transparente. Celle-ci emprisonne aussi douze chiffres mais laisse échapper un léger tic-tac. Sur le côté une petite roue dentée grise a le pouvoir d’avancer ou de remonter le temps. Son beau bracelet de cuir est percé de sept petits points et enroule délicatement le poignet de son propriétaire. Gwenaëlle B.

La calculatrice Je pâlis à sa verte couleur étincelante. Sa fonction si utile pour toutes les personnes. Ces dizaines de boutons d’acné numérotés. Et cette glace magique sur laquelle apparaît des chiffres. Ces calculs infinis s’affichent sur cette glace. Cette matière si légère mais si fragile. Ce cerveau fonctionne à l’électricité. Sa forme si rectangulaire est plate. Cette carapace de tortue protège ce cerveau électronique. Je vis une touche mystérieuse. Elle diffusait tout calcul sur la glace. Ces rangées de boutons si bien alignés. Cette machine appelée calculatrice. Sert à trouver des milliards de réponses Si facile à allumer qu’à éteindre. Sans cet objet, que ferons-nous ? Aubin B.

Le sac Toute la journée, cette mule porte mes affaires sans jamais faiblir. Elle est grise, robuste. Elle permet de porter tout le matériel de cours grâce à ses attaches solides. Les multiples poches sont autant de cachette pour tous mes cahiers. Elle ne vieillit ni ne meurt. Malgré sa robustesse, si on la maltraite trop, elle peut se déchirer. C’est une véritable esclave sur laquelle il ne faut pas trop forcer. Elle me suit tout les jours pour le calvaire des cours. Ce compagnon prend des coup à chaque fois qu’on le pose car ce n’est jamais fait délicatement. Galerne E. La paire de ciseaux Cet objet resplendissant qui dort Dans son lit d’un cours à l’autre La puissance de ses mâchoires d’acier Égale celle du lion Il sépare des êtres de leur famille Et le soir venu il dort Dans son lit souple, bleu et transparent Et refermable Le matin venu, tout froid, Il reprend sa besogne de carnassier Et sépare à nouveau des familles innocentes. Cloé T.

La lampe Il n’y a que la nuit qu’elle nous sert. Ce pot laisse échapper des étoiles. Ses étoiles brillent si fort, mais les grandes feuilles qui les couvrent empêchent ma rétine de griller. Les yeux qui étaient aveugles se retrouvent éblouis, puis regardent fixement. Mais la lampe ne trouve plus l’énergie pour alimenter son éclat éblouissant. Elle se laisse mourir pour laisser les yeux se reposer de nouveau sur les autres membres. Ermeline M.